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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 10:14

 

Dans-la-maison.jpg

 

 

François Ozon est assurément l´un des cinéastes les plus prolifiques du cinéma français passant avec aisance d´un registre à l'autre tout en se renouvelant à chacun de ses films.

Après POTICHE sa comédie très seventies sortie en 2010, il revient avec DANS LA MAISON, un thriller trouble, mystérieux et fascinant digne des plus grands films hitchcockiens ...mais sans oublier ce petit zest de perversité devenue aujourd'hui sa marque de fabrique.

 

Il est sans aucun doute le cinéaste qui aime le plus les femmes, de Catherine Deneuve  ( POTICHE ) à Charlotte Rampling ( SOUS LE SABLE ) en passant par Isabelle Carré ( LE REFUGE) Valeria Bruni Tedeschi ( 5x2 ) Emmanuelle Béart ou Isabelle Huppert ( 8 FEMMES), toute la fine fleur du cinéma français féminin est passée devant sa caméra.

Avec 8 FEMMES, en 2001, il réalise son film mais aussi son rêve: un film interprété uniquement par des femmes.

Si il aime les femmes, son cinema considère très peu les hommes, on lui reproche souvent de les renier. DANS LA MAISON est sa première exception et réunit, pour la première fois, un casting composé principalement d'acteurs.

Ozon, l'homme qui aimait les femmes, offre ici, deux très beaux rôles à Fabrice Luchini et à un tout jeune acteur, la grande revelation du film.   

Ils forment ici un couple plutôt inattendu voire inédit au cinema, celui d'un professeur et de son élève dont le lien n'est  pas sans évoquer la relation fascinante et dérangeante qu'entretiennent les deux personnages féminins, Sarah Morton, l'écrivain rigide et frustrée en panne d'inspiration (Charlotte Rampling) face à la jeune et sensuelle, Julie (Ludivine Sagnier) dans SWIMMING POOL, film sorti en 2003.

 

Le premier est Germain, un professeur de français, amoureux de littérature mais écrivain raté, un brin névrosé et dépressif. Face à lui, Claude, un élève au visage d´ange, assis au dernier rang, inquiétant et mystérieux, une sorte de Rimbaud, un peu pervers...

Dans le rôle de l'élève, le film révèle le jeune Ernst Umhauer dont c'est ici le premier rôle. Un rôle important qui aurait pût être périlleux pour l'acteur alors âgé de 21 ans et qui incarne ici un adolescent de 16 ans.

 

Au-delà des personnages, les deux films sont une réflexion sur le processus de création et d' écriture. Il ne resemble à rien de ce quon pourrait attendre dun film policier au sens propre du terme: pas de meurtre, ni dintrigues complexes, pourtant, il réussit à mener un veritable suspense autour de la trouble relation du maître et de son élève.

 

Tout débute par un simple exercice de rédaction dans lequel l'élève, que Germain pense naïvement aider, doit montrer ses facultés d´écriture en évoquant son week-end passé avec Raphael, son camarade de classe.

L´élève, très doué, va livrer des dissertations toujours plus fascinantes les unes que les autres.

L'exercice va vite se révéler plus dangereux qu'il en à l'air et celui-ci va prendre un peu trop à la lettre les conseils de son professeur "s'approcher au plus près de ses personnages" et ainsi épier au plus près la famille de son ami jusqu'à s'immiscer dans sa maison...

Comme dans bon nombre de films de Ozon, on retrouve ce personnage perturbateur et destructeur de la cellule familiale. Claude rappelant Jeff, le personage-voyeur incarné par James Stewart dans FENETRES SUR COUR. Dans le film de Hitchcock, limmeuble den face (tout comme la piscine dans SWIMMING POOL) est vu comme un écran de cinema.

Ici, il est remplacée par cette maison sur laquelle on y projette, ses rêves, fantasmes et hallucinations et dans laquelle on pénètre.

 

FENETRES SUR COUR, SWIMMING POOL, DANS LA MAISON sont des film de regards ou comment un regard peut transformer quelquun, se transformer soi-même et générer un fantasme jusqu’à lobssession.

Le témoin privilégié nest plus Grace Kelly mais un banal professeur. Et à ce petit jeu, tel est pris qui croyait prendre, le professeur, envouté et fasciné va se perdre dans cette spirale et à son tour, se voir donner une leçon par son propre élève.

 

Si les événements que décrits Claude dans la maison sont plutôt banals, Ozon parvient malgré tout à nous rendre passionnante et extraordinaire cette normalité par sa propre mise en scène. Le spectateur est comme Germain littéralement embarqué dans cette aventure raconté par Claude où vont se mêler la réalité et l'imagination débordante de son auteur et de sa rédaction. Ozon aime jouer au chat et à la souris avec ses spectateurs quil convie à ce jeu de dupes dune gentile perversité et dans lequel il joue sans cesse à brouiller les pistes entre ce qui se passe, ce qui se crée, se fantasme....c'est envoûtant, efficace, jubilatoire et ludique à la fois!

 

DANS LA MAISON participe de ces films fascinamment intriguant et prouve qu'en France, on peut aussi réaliser un original et bon thriller psychologique sans effets spéciaux. 

Soutenu admirablement par ses deux comédiens, DANS LA MAISON n'est pas encore sorti en France qu'il triomphe déjà à l´étranger où il a remporté pas mal de prix à commencer par le Festival de Toronto où il a remporté le Prix Fipresci, récompense prestigieuse décernée par les critiques de films du monte entier. Au Festival de San Sebastian, il remporte également la récompense suprême avec le prix du Jury du Meilleur Film et du Meilleur Scénario.

François Ozon marque son grand retour avec son meilleur film depuis 10 ans et ne faillit pas à sa réputation d´enfant terrible du cinéma, rarement gentil, souvent mordant, un peu cruel et autant dire que, en entrant DANS LA MAISON, vous serez servi !

 

Lorraine Lambinet

 

 

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Fançois Ozon, Pathé Bellecour, Lyon 17 Septembre 2012.

 

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François Ozon et son acteur Fabrice Luchini au Pathé Bellecour à Lyon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour
  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour

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