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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 14:53

 

 

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Je suis venu vous dire n' est pas à proprement parlé un documentaire mais c'est bien plus que cela. Bien plus qu’un film hommage, je suis venu vous dire est un portrait original de Gainsbourg, une biographie réinventée contée par l'artiste lui-même à travers quelques archives célèbres, d'autres moins connues, voire pour certaines inédites. 


Ce documentaire, et c'est sa force, évite les images ressassées depuis les 20 ans de la disparition de l'artiste mais propose une imposante et originale compilation de documents savamment montés qu'accompagne comme un fil conducteur tout au long de ces 100 mn, la voix troublante de Gainsbourg.

Comme ressuscité des cieux, le compositeur de génie reprend vie et se raconte, un peu comme si il revenait nous parler et se confier pour nous dévoiler sa face cachée.

Un autoportrait original et un travail de recherche titanesque mêlant à la fois des interviews radio, des interviews télé, des films de famille ou des extraits de concerts, un savant mélange d'images et de son, qui aura rendu la production du film plus complexe que prévue et aura demandé pas moins de 6 mois de montage.

Après le fantasmatique biopic de Joann Sfar, l'approche est peut-être plus sombre mais certainement plus vraie aussi car finalement tout est dit dans le sous-titre du film: Gainsbourg par Ginzburg. Ici, Gainsbarre, la provoc, retire son masque pour redevenir Ginzburg, le timide, et nous parler de Lucien, le mal-aimé. 

Davantage une introspection et un retour sur soi, Je suis venu vous dire s'éloigne du mythe Gainsbourg et convoque Ginzburg pour nous plonger dans l'enfance de Lucien et ainsi mieux comprendre Serge, le provocateur. Et pour comprendre Gainsbourg, telle une psychanalyse, le documentaire revient sur les origines et l'enfance de Ginzburg. 

 

Expérience particulière et troublante à laquelle nous invite ce documentaire et dans lequel on fait éclater les préjugés sur un homme finalement prisonnier de son image. L'artiste évoque ici ses failles affectives, ses fêlures intérieures, ses faiblesses, ses maux, ses frustrations, ses ambiguïtés et ses paradoxes aussi ceux qui engendreront celui qui deviendra le plus grand Génie poétique du XXème siècle.

 

Mal-aimé, c'est dit-on, un mal dont soufre la plupart des grands artistes. Ce non-amour, il se manifeste chez Lucien dès le berceau, "un berceau si près de son cercueil" qu'il ne failli jamais naître. 

Enfant non désiré, on y apprend le miracle de sa naissance ( il raconte que sa mère a tenté d'avorter), sa relation  difficile avec son père qui le battait. 

A 13 ans, pendant la Seconde Guerre Mondiale, il grandit caché et réfugié "sous une bonne étoile. Jaune" à côté du coeur. 

À ses débuts, pendant les années yéyés, "Il n'y avait pas à l'époque des gueules comme moi", il est rejeté et critiqué par leur public en raison d'un physique ingrat. 

 

Gainsbourg n'a jamais vraiment été aimé et ne s'aimait pas non plus. Celui qui a fait les Beaux-Arts et se rêvait en génie de la peinture ( Gainsbourg est d’ailleurs un hommage au peintre anglais Gainsborough) se définit lui - même comme un artiste raté, la chanson n’étant à ses yeux qu'un art mineur. 

Artiste majeur d’un art mineur, il est et restera cette énigme en fuite perpétuelle, se cachant tour à tour derrière Gainsbourg «l’homme qui souffre parce qu’il est mal-aimé» ou derrière Gainsbarre, ce personnage excessif et autodestructeur «qui, un jour a quitté la réalité» pour «attaquer» avec pour armes la provocation.

 

 

Hier, admiré autant que hai, aujourd’hui tout le monde aime Gainsbourg, s’en inspire ou l’imite ( parfois sans talent) devenant l’îcone de toute une nouvelle génération. On pense avoir tout lu, tout vu et tout entendu sur lui, et pourtant, il est difficile de cerner cet étrange personnage qui se livrait peu et qui reste aujourd’hui encore une énigme et qui avouait: 

                      « J’ai donné l’image d’un homme désabusé, c’était un masque. Et puis, si vous retirez ce masque, vous trouverez dessous le visage d’un homme déchiré. J’avais besoin de cette comédie que je dirais dramatique... »

Le réalisateur Pierre-Henry Salfati propose de découvrir derrière le masque, non pas l’artiste, mais l’homme en privé, et approfondit quelques traits de la personnalité de cet homme sensible, intègre et réfléchi qu’était Monsieur Gainsbourg à travers un documentaire unique, émouvant et assurément authentique!

 

Lambinet Lorraine

 

 

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  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour
  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour

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