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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 10:45

 

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Pathé Bellecour à Lyon. Ludivine Sagnier et François Begaudeau. 12 Janvier 2012. 

 

 

 

 

La  leçon de cinéma de Ludivine Sagnier, il faut bien l'avouer, cet événement annoncé par le Pathé Bellecour à Lyon, avait de quoi surprendre.

Initié par le Gaumont Parnasse à Paris avec Catherine Frot, Nathalie Baye, Karin Viard ou Christophe Honoré, le principe des leçons de Cinema consiste à revenir en images sur la filmographie d'une personnalité du 7ème Art par le biais d'extraits savamment choisis par l'animateur de la soirée, le romancier et scénariste François Begaudeau.

Après, l'affable et infatigable Vincent Lindon qui avait inauguré avec succès la formule en septembre dernier à Lyon, ce choix avait de quoi surprendre.

Le 12 janvier, c'est donc une jeune comédienne de 32 ans dont la carrière a débuté il y a à peine 10 ans qui a donné sa première leçon de Cinéma.

Et Bravo, Mademoiselle Sagnier, vous avez prouvé qu'une Leçon de Cinéma ne se mesure ni au nombre d'années et encore moins au nombre de films.

Pendant presque 2h, l'actrice a honoré ( pour reprendre le nom d'un de ses réalisateurs fétiches ) de sa présence la salle comble du Pathé Bellecour. Elle s'est ainsi montré très disponible, un peu timide et plutôt lucide, évoquant ses débuts, son parcours et sa conception du 7ème Art.

 

C'est par un extrait du film Molière de Laurent Tirard que la leçon débute et dans lequel l'actrice incarne le personnage de Célimène. L'occasion pour François Begaudeau de revenir avec elle sur ses débuts au théâtre:

Si après des cours de théâtre à Sèvres, elle entre à 15 ans au Conservatoire Régional d'Art Dramatique de Versailles, ce n'est, à l'époque, ni par envie ni par passion mais bien pour faire "comme sa soeur" et " surtout pour fuir les cours de piano" imposés par sa famille.

Aujourd'hui, elle peut se targuer d'avoir déjà une très belle carrière à faire pâlir certaines actrices. Celle qui avoue ne pas avoir vraiment de plan de carrière parvient depuis 10 ans à inspirer les réalisateurs les plus prestigieux du cinéma français.

D'Alain Corneau àClaude Chabrol ou Claude Miller, en passant par François Ozon ou Christophe Honoré, elle est devenue la muse de l'ancienne et de la nouvelle génération du cinéma français.

Devant leur camera, elle devient l'incarnation du fantasme entre la femme fatale, objet de tous les désirs, et la nymphette un peu énervante et odieuse.

Ses rôles font souvent appel à un éventail de personnages plus ambigus et complexes qu'il n'y parait car Ludivine Sagnier  "a cette possibilité d'être changeante, comme si elle se cherchait elle même" dixit Alain Corneau.

Ce qui rend Ludivine Sagnier peu ordinaire c'est qu'elle est multiple.

Les extraits suivants en témoignent et révèlent une actrice aux multiples facettes qui se métamorphose sans cesse, tour à tour, manipulatrice et manipulée, ingénue et garce, sage et provocatrice, femme et enfant.

Avec 8 Femmes, François Ozon, avec qui, elle signera 3 films, la révélera définitivement au grand public. Elle y joue le rôle de Marguerite, une jeune fille qu'on imagine fraîche et innocente et qui se révélera au final bien insolente et manipulatrice.

Quand François Begaudeau rappelle l'impressionnant casting du film ( Deneuve, Huppert, Ardant, Béart...), l'actrice se souvient qu'à l'époque, elle n'avait pas eu droit au même traitement que les autres actrices du film. Sur le tournage, régnait une sorte de hiérarchie. Ainsi débutait les gros plans sur Deneuve et Huppert, puis Virginie Ledoyen qui était enceinte à l'époque, puis Béart...Elle avouera, avoir souvent fait ses plans seule, ses partenaires ayant déjà quitté le plateau excepté "la grande Catherine" car "Catherine c'est la classe!" dit-elle. Et si chacune avait son propre chauffeur, elle " arrivait et repartait en 205" avec Firmine Richard.

Elle en sourit aujourd'hui et avoue être toujours autant impressionnée par Catherine Deneuve qu'elle a récemment retrouvé sur le tournage du film les Bien-Aimés.

 

 

L'extrait de La Petite Lili de Claude Miller où elle incarne une jeune actrice prête à tout pour connaître le succès est l'occasion d'aborder ses choix de carrière.

Une carrière cohérente qui se distingue par son refus des compromis. Ludivine n'est pas une opportuniste, elle avoue être assez exigeante, n'accepter que ce qui lui plaît et avoir refusé des projets qui "auraient pût lui rapporter un paquet d'argent".

Tourner peu, mais bien, pourrait être son adage. Ne pas enchaîner les tournages ne l'inquiète pas car elle dit avoir une vie personnelle épanouie ( elle est maman de 2 petites filles) qui l'occupe à plein temps.

Ludivine Sagnier est une cinéphile, elle avoue aller beaucoup au cinéma, tout regarder mais avoir tout de même une prédilection pour le cinéma art et essai.

Et à regarder de près sa  carrière, on est frappé par la grande proportion de films d'auteur. On verra, d'ailleurs, un extrait du film Une Aventure de Xavier Giannoli, film d'auteur par excellence, dans lequel elle y est à nouveau ambigüe et complexe dans le rôle de Gabrielle, une jeune femme qui souffre de somnambulisme tantôt femme-enfant vulnérable, tantôt fatale.

Loin de choisir la facilité, on note des projets souvent singuliers et originaux, comme le film musical de Christophe Honoré, Les Chansons d'Amour (devenu le film culte de toute une génération) ou l'extrait suivant, une scène du film de Fabienne Berthaud, Pieds nus sur les limaces que je n'avais personnellement pas vu.

Ludivine Sagnier y incarne Lily, une jeune femme en marge, entre désespoir et fantaisie. Elle révèle s'être inspiré de ses deux enfants et d'une amie à elle pour incarner cette fille libre à la fois drôle, exubérante et folle. On comprend très vite que l'amie en question porte un nom de famille célèbre et qu'il s'agit de Julie Depardieu. Un rôle pour lequel, elle a dû prendre du poids, oublié qui elle était et qui lui a laissé, dit-elle, des traces dont elle avoue avoir encore du mal à se défaire. Pour avoir que très récemment vu ce film, je dois dire qu'elle y est véritablement fascinante et bouleversante.

 

Sur ses prochains projets, elle reste modeste, avouant "écrire dans son petit coin" avec son compagnon ( le réalisateur Kim Chapiron) le scénario et le rôle qu'on ne lui a pas encore offerts.

Et si elle évoque son admiration pour Valérie Donzelli, Mélanie Laurent ou Maiwenn, cette nouvelle vague de comédiennes qui passent à la réalisation, il est pour elle inconcevable de passer un jour derrière la caméra: "vivre avec un réalisateur fait comprendre à quel point c'est un métier difficile qui demande trop de travail et trop de pression".

 

En tout cas, si il y a une chose qu'elle aime Ludivine Sagnier c'est chanter. Elle l'a prouvé dans quelques films déjà, ceux de Christophe Honoré en particulier.

Avec un peu de réserve, elle nous confiera, vouloir, pourquoi pas, sortir un album " et faire ma Mélanie Laurent" précise t-elle avec humour.

Mais, elle préfère prendre son temps. Elle est comme ça, Ludivine Sagnier.

En attendant, on découvrira la demoiselle sur scène au prochain Festival d'Avignon dans une pièce de Christophe Honoré aux côtés de Louis Garrel et Chiara Mastroianni. Pourquoi changer une équipe qui gagne?

 

 

Lambinet Lorraine

 

 

 

 

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  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour
  • Atteinte de cinéphilie aiguë, Lorraine Lambinet, fille de projectionniste, a passé son enfance dans les salles obscures. Titulaire d'une Maîtrise Arts du Spectacle et Écrits Cinématographiques, elle a touché à tous les domaines du 7ème Art aussi bien à la programmation (Festival Quais du Polar, Cour

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